Je suis aujourd'hui telle "la Mer errante prise au piège de son aberration" .....
J'ai rencontré SJP à l'âge de 11 ans (il y a donc trente ans...) au détour d'une photocopie distribuée par un professeur inspiré... pour le plaisir.
Et plaisir il y eut .
Rapidement je me fis offrir l'OI de la pléiade et j'ai savouré, depuis, dans une relation intime la poésie de Perse ...toute seule....
Plaisir des sons, gout des mots et des images, saveur des élans et du mouvement,; je me suis laissée porter, emporter,caresser ou gifler par ces chants splendides. La sensualité et l'âcreté m'ont tour à tour bercée et fait grandir...
Devenue prof, je n'ai jamais cherché à enseigner ou étudier SJP : c'est pour moi trop viscéral.
Et pourtant, j'avoue avoir ressenti un plaisir coupable à lire les différentes études (notamment les votres cher M. Céry) que je me suis forcée à étudier pour préparer cette satanée agreg.
Savoir enfin tous les secrets du magicien (...et cette femme coupée en deux...) rechercher les épices secrètes d'un grand chef...
Délectation de comprendre ce que je ne faisais que ressentir, "la nuit de l'âme qu'elle se doit d'explorer..."
Violence des lacis qui peu à peu se dénouent (presque)... "Mer ouverture du monde d'interdit, sur l'autre face de nos songes"
Vertige de ces sens, de ces champs, de ces interprétations infiniment entrelacées.... et la fulguration poétique qui doucement se couvre de pruine.
Aujourd'hui, à la veille du concours, je ne sais plus rien..., je suis désemparée et haletante, "n'ayant nulle honte à mon plaisir" je cherche à retrouver ma douce innocence et la saveur des laisses dans la bouche... "à présent laissez-moi, je vais seul."